Lever de rideau sur la campagne présidentielle. La machine médiatique se met en marche. Chroniques cinglantes, polémiques incessantes. Débats chronométrés et autres espaces d’expression décuplés. L’élection apparaît comme un grand théâtre. Dans six mois, les citoyens envelopperont leur opinion, déposée dans l’urne. Puis mèneront l’un ou l’une des candidates sur le perron de l’Élysée. Mais comment se construit-elle, cette opinion ?
Façonnée, fuselée par nos croyances. Fabriquée, industrialisée par les médias dominants. Nous, journalistes en devenir, décryptons dans nos enquêtes les rouages de cette usine à convictions, au cœur de l’ère du clash et du discrédit décrite par l’essayiste Christian Salmon. Pas encore acteurs, plus vraiment spectateurs, nous jouissons d’un double point de vue pour observer l’évolution de notre profession.
La sphère médiatique mue. Les lignes se courbent et l’opinion monte sur scène. Le grand théâtre s’anime et les sondages, ultra commentés, font enfiler aux candidats leur costume de favori ou de poursuivant. Le choix des invités et des thématiques détermine l’agenda. Justice sociale, où te caches-tu ?
La régie veille au bon déroulement du spectacle. Les communicants accompagnent les politiques face à l’imprévu. L’image est maîtrisée, parfois verrouillée. A-t-on encore besoin des journalistes, lorsque TikTok offre des millions de contenus attrayants, loin de toute contradiction ? La presse navigue, par moments, dans un brouillard épais. Celui des algorithmes et des spin doctors.
En coulisses, les journalistes politiques s’affairent. Certains souhaitent s’émanciper du clash pour redonner ses lettres de noblesse à l’agora. Plus de nuance. Comment retrouver des échanges apaisés et remettre dans la lumière les sujets tapis dans l’ombre ? Les cellules de fact checking ont du fil à retordre.
Des correspondants venus d’ailleurs nous racontent leur vue du balcon. La portée de l’élection française ne s’arrête pas aux frontières. Jusqu’où va cet intérêt ? Il flotte un parfum de suspicion. Soft power ? Certains craignent de nouvelles effluves venues du Kremlin. La presse alternative, elle, commente l’élection à l’écart de la grande scène. La distribution est en place. Trois coups résonnent. Les acteurs s’élancent. La pièce commence.
Anthony Derestiat (@Anthony_Derest) et Emma Rodot (@RodotEmma)